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Tritium dans l'eau potable

La Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) veut rassurer le public : les niveaux de tritium dans l'eau potable ne posent pas de risque pour la santé.

Le 20 août 2009

En bref

  • Les niveaux de tritium dans l'eau potable des collectivités situées à proximité des centrales nucléaires ne posent pas de risque pour la santé.
  • Les niveaux de tritium dans l'eau potable municipale de ces collectivités sont bien inférieurs aux normes nationales et internationales et en deçà de la limite de 20 Bq/L proposée par le Ontario Drinking Water Advisory Council.
  • Le tritium rejeté par les installations nucléaires contribue peu à l'ensemble de l'exposition des Canadiens au rayonnement. Le rayonnement naturel et celui attribuable aux procédures médicales constituent les principales sources d'exposition pour le public.
  • Les autorités provinciales, les municipalités et les exploitants de centrale nucléaire et d'installation de traitement du tritium ainsi que l'installation d'EACL à Chalk River surveillent de façon suivie les niveaux de tritium pour protéger le public et l'environnement.
  • La CCSN fixe les limites de rejets dans l'environnement des installations nucléaires et assure le suivi de ces rejets pour protéger le public et l'environnement.

Les médias ont récemment mis en évidence les préoccupations de plusieurs citoyens et groupes au sujet des niveaux de tritium dans l'eau potable. La CCSN tient à rassurer le public que les niveaux de tritium dans l'eau potable des collectivités qui se trouvent à proximité d'installations nucléaires ne posent pas de risque pour la santé

« Les niveaux de tritium dans l'eau potable des collectivités situées à proximité d'installations nucléaires ne posent pas de risque pour la santé. »

Patsy Thompson, directrice générale, Protection de l'environnement, radioprotection et évaluation, CCSN

Le 9 juin 2009, le Ontario Drinking Water Advisory Council (ODWAC) a publié le document Report and Advice on the Ontario Drinking Water Quality Standard for Tritium (en anglais). Il recommande au ministère de l'Environnement de l'Ontario d'abaisser ses limites de 7 000 Bq/L à 20 Bq/L.

À l'heure actuelle, les niveaux de tritium dans l'eau potable des collectivités qui vivent à proximité d'installations nucléaires sont bien inférieurs aux normes nationales et internationales applicables et en deçà des limites proposées par le ODWAC.

Qu'est-ce que le tritium?

Le tritium est une forme radioactive de l'hydrogène. Il émet des rayonnements bêta de très faible énergie qui sont entièrement bloqués par des matériaux communs (feuilles de plastique, verre, métal) et qui ne peuvent traverser la couche supérieure de la peau humaine. Le corps peut absorber le tritium par la peau, lorsque cette substance est ingérée avec de l'eau ou de la nourriture ou qu'elle est inhalée.

Le tritium est une substance radioactive existant à l'état naturel qui se forme dans la haute atmosphère en raison du bombardement continu des gaz atmosphériques par les rayons cosmiques à haute énergie. Au Canada, les niveaux de tritium naturel varient entre 0,2 et 1,4 Bq/L, selon le lieu géographique et d'autres facteurs.

Le tritium est aussi présent dans l'environnement à cause des essais dans l'atmosphère d'armes nucléaires réalisés dans les années 1950 et 1960. Depuis, ces concentrations ont diminué de façon constante et varient en général entre 2 et 3 Bq/L d'un bout à l'autre du Canada.

Les centrales nucléaires et les installations de traitement du tritium constituent aussi des sources de rejets de tritium contrôlés.

Comment mesure-t-on la teneur en tritium dans l'eau potable?

La teneur en tritium dans l'eau est mesurée en becquerels par litre (Bq/L). Les effets de la radioactivité sur le corps sont calculés en millisieverts (mSv).

Le becquerel est l'unité utilisée pour mesurer la désintégration radioactive ou la radioactivité. C'est l'unité standard utilisée partout dans le monde pour mesurer la radioactivité des substances nucléaires, dont le tritium.

La teneur en tritium dans l'eau est mesurée en becquerels par litre (Bq/L)

L'unité Bq/L permet de mesurer la radioactivité associée au tritium dans l'eau.

Les effets du tritium sur le corps sont mesurés en millisievert (mSv)

L'unité mSv permet de mesurer la dose de rayonnement qui provient de la désintégration radioactive du tritium.

Chaque substance radioactive a des effets différents sur le corps humain. La dose de rayonnement nous indique les effets de la radioactivité sur le corps.

L'unité standard pour mesurer la dose de rayonnement est le sievert (Sv). Cependant, étant donné que le Sv est une grande unité, les organismes de réglementation et l'industrie se servent du millisievert (mSv), qui correspond à 0,001 Sv.

La CCSN se sert de la dose de rayonnement pour établir les limites de dose du public.

Pour calculer la dose annuelle de tritium contenue dans l'eau potable, il faut tenir compte de :

  • la concentration de tritium dans l'eau (en Bq/L)
  • la quantité d'eau moyenne consommée quotidiennement par une personne (hypothétique)

Pour un adulte qui consommerait deux litres d'eau par jour, chaque Bq/L correspond à une dose de 0,000015 mSv par année.

Pour un enfant qui consommerait un (1) litre d'eau par jour, chaque Bq/L correspond à une dose de 0,000021 mSv par année.

Exemple

Les niveaux de tritium maximum moyens par année, tels que mesurés dans l'eau potable municipale des collectivités canadiennes à proximité des installations nucléaires, s'élevaient à environ 18 Bq/L.

Si un adulte a consommé quotidiennement deux litres d'eau contenant 18 Bq/L de tritium pendant toute une année, il a reçu une dose de 0,00027 mSv [18 x 0,000015 mSv = 0,00027 mSv].

Si un enfant a bu quotidiennement deux litres d'eau contenant 18 Bq/L de tritium pendant tout une année, il a reçu une dose de 0,00038 mSv [18 x 0,000021 mSv = 0,00038 mSv].

Qu'est-ce que cela signifie?

Les quantités calculées dans l'exemple ci-dessus (0,00027 mSv et 0,00038 mSv) ne représentent qu'une petite fraction de la limite réglementaire de 1 mSv. Les faibles doses sont attribuables à l'application des exigences de la CCSN visant à maintenir les doses au niveau le plus bas qu'il soit raisonnablement possible d'atteindre (ALARA).

Des études ont démontré que la dose chronique minimum ayant des effets négatifs sur la santé est de 100 mSv. La limite réglementaire de 1 mSv correspond donc a 1% de cette quantité

Mettons cette quantité en contexte (1 mSv) au moyen de l'exemple des diverses sources de rayonnement auxquelles les Canadiens types sont exposés, notamment le rayonnement naturel et celui découlant des procédures médicales (comme les rayons X et les tomodensitogrammes).

Au Canada, la dose annuelle associée au rayonnement naturel s'élève à environ 1,8 mSv/année. Il convient de signaler que les niveaux naturels varient d'un bout à l'autre du pays, selon l'altitude et les concentrations de radon. Par exemple, la dose annuelle de rayonnement naturel pour un résidant de Toronto est estimée à 1,6 mSv. Toutefois, une estimation semblable établie pour un résidant de Winnipeg s'élève à 4,0 mSv par année en raison des concentrations de radon plus élevées dans les maisons.

Le rayonnement naturel est principalement attribuable :

  • aux minéraux radioactifs naturels, comme l'uranium et le thorium, y compris le radon (un produit de la désintégration radioactive de l'uranium)
  • aux rayons cosmiques
  • aux retombées des essais d'armes nucléaires dans les années 1950 et 1960 (en constante diminution)
  • d'autres radio-isotopes naturels et artificiels

Les procédures médicales comptent pour environ 1,2 mSv en moyenne. Il vaut également la peine de noter que ce chiffre varie d'une personne à l'autre, selon les chiffres des diagnostics et des traitements radiologiques.

La dose de 0,00027 mSv, attribuable à la consommation d'eau potable contenant 18 Bq/L (voir l'exemple ci–dessus) est négligeable comparativement à la dose de rayonnement provenant du rayonnement naturel et des procédures médicales.

La figure ci-dessous illustre la dose de rayonnement associée à diverses sources.

Figure 1 : Dose d'exposition représentative pour un Canadien, par source
Figure 1 : Dose d'exposition représentative pour un Canadien, par source
  • Rayonnement naturel dose de rayonnement est 1,8 millisievert
  • Procedures medicales dose de rayonnement est 1,2 millisievert
  • Limite reglementaire dose de rayonnement est 1 millisievert
  • Dose d'exposition au tritium dans l'eau potable municipale pour un adulte (niveau de tritium : 18 becquerels par litre, consommation d'eau : 2 litres par jour.

Comment réglemente-t-on et surveille-t-on les niveaux de tritium dans l'eau potable?

Qualité de l'eau potable

Les provinces canadiennes réglementent la qualité de l'eau potable et fixent notamment les limites pour les niveaux de tritium.

Les autorités provinciales et les municipalités ont en place des programmes pour surveiller la qualité de l'eau, y compris les niveaux de tritium.

Les exploitants de centrale nucléaire, ainsi que l'installation d'EACL à Chalk River, ont mis en place des programmes de surveillance pour prélever des échantillons et rendre compte des concentrations de tritium dans l'eau potable.

D'autres installations nucléaires, comme celles qui traitent le tritium, ont leurs propres programmes environnementaux pour maîtriser les niveaux de tritium.

Santé Canada recommande une teneur maximale de 7 000 Bq/L de tritium dans l'eau potable. Certaines provinces, comme l'Ontario, ont adopté cette valeur comme norme juridique.

Les lignes directrices de Santé Canada sont fondées sur les recommandations formulées par la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Le 9 juin 2009, le Ontario Drinking Water Advisory Council (ODWAC) a proposé au ministère de l'Environnement de l'Ontario de faire passer la limite de tritium applicable de 7 000 Bq/L à 20 Bq/L.

Notons que les niveaux de tritium dans l'eau potable municipale des collectivités qui se trouvent à proximité des installations nucléaires au Canada sont bien inférieurs aux normes nationales et internationales et en deçà de la nouvelle limite de 20 Bq/L proposée par le ODWAC.

Les niveaux de tritium dans l'eau potable de ces collectivités varient entre 6,4 et 18 Bq/L, ce qui ne se traduit pas par une dose d'exposition aux rayonnements importante supplémentaire pour le public.

Le principe ALARA

S'entend de l'exigence de maintenir les expositions « au niveau le plus bas qu'il soit raisonnablement possible d'atteindre ».

Quelle quantité de tritium correspond à un (1) térabecquerel (TBq)

Un térabecquerel (TBq) représente 1 million de millions (1012) de becquerels (Bq). Un Bq est une mesure de la radioactivité, mais a peu à voir avec le poids ou le volume de la matière.

Par exemple, l'activité d'un Bq de tritium est la même que celle d'un Bq d'uranium. Cependant, le poids d'un Bq de tritium est d'environ 1/10 000 000 000 d'un Bq d'uranium-238, car la période radioactive du tritium est beaucoup plus courte que celle de l'uranium (12,3 ans comparativement à 4,5 milliards d'années).

Un Bq de tritium pèse 2,8 X 10-15 grammes ou 2,8 femtogrammes (fg), et un TBq de tritium pur pèserait 0,003 gramme. Évidemment, il est impossible d'obtenir du tritium pur. La forme de tritium la plus commune est le HTO ou eau tritiée. Ainsi, un TBq d'eau tritiée pèserait environ 0,02 grammes.

Rejets dans l'environnement

La CCSN oblige les exploitants de centrale nucléaire à contrôler étroitement, à surveiller et à déclarer les rejets de tritium dans l'environnement. Ceux-ci sont contrôlés et ne posent pas de risque pour la santé.

La CCSN établit à 1 mSv par année la limite de dose du public pour les activités des installations nucléaires. De plus, pour réduire au maximum l'impact environnemental des rejets de tritium dans l'eau potable, la CCSN se sert du principe ALARA. Ainsi, les titulaires de permis doivent maintenir l'exposition au « niveau le plus bas qu'il soit raisonnablement possible d'atteindre ».

Tous les rejets autorisés dans l'environnement, soit les limites opérationnelles dérivées (LOD), sont calculés à l'aide d'une méthode qui tient compte des divers impacts que les radionucléides, comme le tritium, peuvent avoir sur le public.

Par exemple, la méthode doit tenir compte de l'impact des rejets de tritium sur les produits localement, l'approvisionnement en eau et la qualité de l'air. Elle est conservatrice et supposer que les personnes vivent, travaillent et habitent dans leur collectivité pendant de longues périodes.

Chaque installation compte ses propres LOD, qui tiennent compte des divers facteurs régionaux, comme les conditions météorologiques et géographiques, ainsi que la densité de la population près de l'installation.

Par exemple, la LOD de la centrale nucléaire de Pickering-B d'Ontario Power Generation est d'environ 490 000 térabecquerels (ou 4,9 X 1017 Bq) pour les émissions de tritium liquides. Cependant, en raison de la mise en place de contrôles fondés sur le principe ALARA, le rejet annuel réel pour 2008 est d'environ 200 TBq, approximativement 0,04 % de la LOD.

Les seuils d'intervention (SI) constituent une condition de permis, et les titulaires de permis doivent déclarer à la CCSN tout rejet supérieur à ces seuils. Ils représentent généralement une faible portion de la LOD (0,05 %) et sont rarement atteints pendant l'année.

L'approche de la CCSN pour réglementer les rejets de tritium dans l'environnement permet de bien protéger la qualité de l'eau potable dans les collectivités à proximité des installations nucléaires.

À titre d'exemple, la figure 2 ci-dessous présente les niveaux de tritium dans quatre usines d'alimentation en eau potable situées sur les rives de la rivière des Outaouais, en aval des Laboratoires de Chalk River d'EACL.

Figure 2. Niveaux de tritium dans l'eau potable des municipalités qui se trouvent sur les rives de la rivière des Outaouais, à proximité des Laboratoires de Chalk River d'EACL, à environ 180 km au nord-ouest d'Ottawa

Rolphton, 28 km en amont.

  • 2003 : 2,6 becquerels par litre
  • 2004 : 3 becquerels par litre
  • 2005 : 3 becquerels par litre
  • 2006 : 3 becquerels par litre
  • 2007 : 5 becquerels par litre
  • 2008 : 4 becquerels par litre
  • Janv.2009 : 2 becquerels par litre

Deep River, 9 km en amont

  • 2003 : 2,7 becquerels par litre
  • 2004 : 3 becquerels par litre
  • 2005 : 3 becquerels par litre
  • 2006 : 3 becquerels par litre
  • 2007 : 5,5 becquerels par litre
  • 2008 : 4,5 becquerels par litre
  • Janv.2009 : 2 becquerels par litre

Petawawa, 18 km en aval

  • 2003 : 2,7 becquerels par litre
  • 2004 : 3 becquerels par litre
  • 2005 : 3 becquerels par litre
  • 2006 : 3 becquerels par litre
  • 2007 : 5,5 becquerels par litre
  • 2008 : 4,5 becquerels par litre
  • Janv.2009 : 2 becquerels par litre

Pembroke, 28 km en aval

  • 2003 : 7.8 becquerels par litre
  • 2004 : 6 becquerels par litre
  • 2005 : 7 becquerels par litre
  • 2006 : 6 becquerels par litre
  • 2007 : 7 becquerels par litre
  • 2008 : 7,8 becquerels par litre
  • Janv.2009 : 5,5 becquerels par litre

Que font les autres pays?

Figure 3. Limites de tritium par pays
Pays/organisation Limite de tritium pour l'eau potable (Bq/L)
Finlande 30 000
OMS 10 000
Suisse 10 000
Russie 7 700
Canada (Ontario) 7 000
États–Unis 740
Union européenne1 1001
ODWAC (limites proposées) 20
Objectif de santé publique de la Californie (non applicable) 14,8

1L'UE ne s'en sert pas comme limite, mais comme une valeur d'examen préalable pour indiquer la présence possible d'autres radionucléides artificiels.

Ailleurs, les normes applicables relatives au tritium dans l'eau potable varient entre 740 Bq/L (é.-U.) et 30,000 Bq/L (Finlande).

Dans l'Union européenne (UE), il n'est pas obligatoire de respecter les limites relatives à la radioactivité dans l'eau potable; ces limites servent seulement à déclencher une enquête plus poussée. La limite pour le tritium de 100 Bq/L utilisée par l'UE sert de valeur d'examen préalable et déclenche une enquête si elle est atteinte.

En 2006, la Californie a adopté un objectif de santé publique non obligatoire de 14,8 Bq/l pour le tritium dans l'eau potable.

Les concentrations de tritium dans l'eau potable au Canada sont inférieures et légèrement supérieures à cet objectif et sont sous la limite de 20 Bq/L recommandée par le ODWAC.

Compte tenu des très faibles concentrations de tritium dans l'eau potable au Canada, la CCSN conclut que les risques pour la santé de la population sont négligeables.

La CCSN assure le suivi des niveaux de tritium de façon continue pour protéger le public et l'environnement. Cette organisation est déterminée à préserver la santé des Canadiens et continuera à le faire en s'inspirant des pratiques exemplaires nationales et internationales.

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